Interview de mai : Vitiana ROBERT et Léo CHAUCHARD

Bonjour à tous, ce mois-ci nous vous proposons de découvrir Vitiana ROBERT et Léo CHAUCHARD. Vitiana est actuellement à Texas A&M University à Kingsville. Léo est quant à lui à l'université Incarnate Word. 

Interview de Vitiana ROBERT : 

Elite : Nous te laissons te présenter dans un premier temps.

Vitiana : Je m’appelle Vitiana Robert, et j’ai 27 ans. Je suis étudiante à Texas A&M University Kingsville au sud du Texas depuis janvier 2022 où je poursuis un bachelor en Veterinary Technology. J’ai commencé l’athlétisme à Tarbes en 2014 après mon bac.

Elite : Qu’est-ce qui t’a donné le plus envie de partir aux USA ?

Vitiana : Ça faisait un moment que je stagnais au niveau de mes performances et j’avais vraiment envie de me donner une dernière chance de progresser à nouveau. En parallèle, après avoir passé mon bac, j’ai eu du mal à me décider entre poursuivre des études en lien avec le sport ou en lien avec les animaux.

A l’époque, j’ai choisi d’opter pour le sport et je suis partie en STAPS. Après avoir entendu parler d’Elite Athlètes et de la possibilité de faire des études et de l’athlétisme aux États-Unis (je ne savais pas que ça existait tout ça) je me suis dit que c’était l’occasion parfaite d’étudier avec les animaux tout en continuant l’athlétisme. J’avais besoin d’un nouveau tournant sportivement pour renouer avec la performance, et j’avais à la fois l’opportunité de développer mon second rêve d’études. Je ne savais pas si j’avais le niveau requis, si j’étais en âge de réaliser ce projet, etc et après mon appel avec l’agence on a décidé de tenter. Et maintenant me voilà en train de vivre une aventure incroyable !

Elite : Comment s’est déroulée ton arrivée aux Etats-Unis ?

Vitiana : Je ne vais pas le cacher, les débuts ont été très difficiles. Quitter les personnes qu’on aime, partir dans un endroit qu’on ne connaît pas, ne pas avoir de pied à terre au début au cas où quelque chose se passe mal, une devise différente, rien n’est facile et on ne peut pas prendre la voiture pour retourner vite fait chez nous.

En plus de cela, j’ai eu l’impression d’atterrir au milieu de nulle part, les villes sont très différentes de celles qu’on connaît et les distances sont décuplées ce qui donne l’impression que tout est loin et difficile d’accès sans moyen de locomotion. C’est vraiment dépaysant ! Il y a énormément de choses à faire en arrivant : acheter ce qu’il nous manque, s’installer, ouvrir un compte en banque, s’enregistrer pour les classes, passer les visites médicales, etc. C’est un processus très stressant mais qui en vaut la peine ! J’avais l’impression d’avoir fait une erreur de partir mais aujourd’hui si c’était à refaire je le referais sans hésiter !

Le plus dur c’est le début, ensuite ça devient un tourbillon et tout passe trop vite…Heureusement je me suis très vite fait de bons amis qui m’ont beaucoup aidé à m’intégrer. Les gens ici sont très ouverts, très accueillants et il y a pas mal d’internationaux qui ont connu le même changement de vie. C’est facile de trouver de l’aide, tout le monde est toujours prêt à donner un coup de main ou à proposer des activités.

Elite : Tu as progressé cette saison en outdoor ! Tu as réalisé ton record personnel sur 400m (56’17), sur 200m tu réalises 25’21 (RP à 24'90) et sur le 200m en indoor, tu es revenue à ton meilleur niveau (tu avais réalisé 25’78 en 2017), en faisant  25’80 en février 2024. Es-tu satisfaite de ces résultats ?

Vitiana : Je suis très satisfaite de ma saison, même si mon objectif était de faire moins de 56 sur 400, je n’ai couru le 400 que 3 fois cette saison et les 3 fois j’ai couru en moins de 57. Quand je pense qu’avant de partir aux États-Unis mon record était en plus de 58 je suis vraiment contente de mes progrès. En parallèle j’ai couru pas mal de 200m et toutes mes courses étaient plutôt proches de mon record, malheureusement certaines étaient trop ventées mais la régularité était au rendez-vous. En indoor je n’ai fait que 2 courses de 200m et les deux étaient en dessous de 26 ce qui n’était pas arrivé depuis mon record en 2017 alors je ne peux qu’être satisfaite !

Elite : Comment se sont passées ces trois années pour toi, au niveau sportif, scolaire et social ? 

Vitiana : Scolairement, les débuts ont été un peu longs puisqu’il m’a d’abord fallu passer tous les « basics » (histoire, anglais, maths, sciences politiques…) et il me tardait vraiment de commencer les études pour lesquelles j’étais là. En même temps, le fait d’avoir des cours plutôt faciles au début aident à s’habituer à la langue et à progresser en anglais. Aujourd’hui j’ai réussi à entrer dans le programme de technicien vétérinaire de l’école et je m’éclate ! Les cours sont géniaux, avec beaucoup d’expérience pratique. J’ai cours toutes les semaines au contact d’animaux et à chaque fois je m’émerveille en me rendant compte de la chance que j’ai d’être entourée de boules de poils pendant les cours !

Sportivement, il y a eu des hauts et des bas, surtout au début quand j’ai fait ma première compétition et un temps catastrophique ! Il fallait que je m’habitue comme pour le reste. Je dirais que ma première saison était la saison d’adaptation, et les saisons qui ont suivi ont été de plus en plus rapides. J’ai battu mon record sur 400 à ma deuxième saison et j’ai réussi à l’abaisser par la suite cette saison. Durant ma deuxième année nous avons réussi à qualifier le relais aux nationaux, et cet hiver nous avons battu le record de l’école sur le relais indoor. Pas de qualif malheureusement aux nationaux cette année mais ce n’est que partie remise !

Socialement, je me suis fait de très bons ami(e)s de diverses origines. Certains sont partis depuis mes débuts, d’autres sont arrivés, mais la beauté c’est qu’on est tous unis par l’athlétisme et peu importe nos origines ou notre âge on se retrouve un peu comme dans une nouvelle famille. J’ai trouvé beaucoup de soutien auprès des personnes ici. L’aventure sportive quand on est aux USA est incroyable, mais l’aventure humaine est tout aussi belle ! Petite anecdote, nous avons introduit le jeu du loup-garou avec Mélanie qui est une autre coureuse française de la team, et maintenant ils ne peuvent plus s’en passer. C’est presque devenu un rituel de compétition !

Elite : Il te reste un an d'éligibilité, comptes-tu poursuivre cette dernière année aux USA ? Si oui, quels sont tes objectifs pour la saison prochaine ?

Vitiana : C’est fou comme le temps passe vite j’ai l’impression d’être arrivée hier ! Il me reste 1 an d’éligibilité et 2 ans de classe. Je vais finir mon éligibilité et pour finir mes études ma dernière année je serai assistante pour le coach. Peut-être que je pourrais faire quelques compétitions en étant « unattached ».

Pour cette dernière saison j’espère courir en 55 et l’objectif ultime sera la qualification aux nationaux avec le relais et le record de l’école en outdoor.

Interview de Léo CHAUCHARD : 

Elite : Nous te laissons te présenter dans un premier temps.

Léo : Je m’appelle Léo, je suis étudiant à UIW (university of the incarnate word) dans laquelle j’étudie les mathématiques (c’est ma majeure) et la physique (ma mineure). J’ai 22 ans et je pratique l’athlétisme depuis mes 7 ans (ça commence à faire). J’adore voyager et discuter avec les gens !

Elite : Qu’est-ce qui t’a fait commencer les épreuves combinées ? 

Léo : Je n’aimais pas m’entraîner pour une seule épreuve… J’ai fait mon premier championnat de France sur le 110m haies, et pour préparer au mieux celui-ci, j’ai uniquement fait des entraînements de haies pendant environ 2 mois et j’en ai eu très vite marre… Les sauts et les lancers me manquaient… D’où le décathlon qui me permet de toujours progresser et de varier continuellement les entraînements.

Elite : Qu’est-ce qui te plaît dans le fait de faire plusieurs disciplines ? Comment s’organisent tes entraînements ?

Léo : Ce que j’adore (et déteste en même temps), c’est que j’ai énormément de choses à travailler, plus le temps passe, plus je m’améliore et plus j’ai l’impression d’avoir du pain sur la planche… Il est rare que sur un an je ne progresse pas sur au moins une épreuve, et c’est ce qui me fait le plus plaisir dans ce sport. 

Mes entraînements s’organisent de cette manière :

3 muscu de volume par semaine au premier semestre, puis 2 par semaine quand les compétitions approchent avec plus d’intensité. Ensuite nous faisons au moins une lactique, une aérobie, et une voire deux séances de haies par semaine, 1 séance de saut, 2 de lancer (car c’est ma faiblesse) et voilà plus ou moins à quoi ressemble une semaine type chez les décathlonien de UIW.

Elite : Tu as eu une opération fin 2023, peux-tu nous expliquer pourquoi et comment as-tu récupéré de cette blessure ? 

Léo : Oui je me suis cassé la main lors d’une sortie avec des amis… (la gourde…) Évidemment j’ai commencé par me soigner avec beaucoup de repos (les jours suivant l’opération) puis on a repris avec les kinés des exercices de mobilités, de force et de souplesse que je faisais tous les jours pour que ma main puisse retrouver 100% de sa capacité.

Ce que nous avons réussi à faire ! Car aujourd’hui, à part la cicatrice, je peux l’utiliser dans son entièreté 👌

Elite : Récemment tu réalises ta meilleure performance sur Decathlon (7077 points). Avec une amélioration de tes records personnels durant la saison outdoor, au disque (40m49), au poids (13m15), en hauteur (1m92), sur 110m haies (14’77) et sur 400m (49’83). A quoi est due cette progression selon toi ?

Léo : En ce qui concerne les lancers je pense devoir ça au coach Valencia (coach de lancer) qui est selon moi vraiment bon, passionné et qui connaît un tas de choses techniques (notamment sur le poids) dont je manquais et manque encore cruellement…

Donc avec un peu de travail les résultats finissent souvent par sortir ! Le reste, selon moi, étaient des performances que j’attendais déjà l’année dernière et que je n’avais pas pu exprimer à cause de différentes blessures… Je dirais donc que c’est la persévérance qui m’a aidé à les faire le jour des compétitions ! (Et bien sûr coach Berney (coach de combinée) et coach Bernat (coach de haies/longueur) qui m’ont aidé à me concentrer sur ce dont j’avais besoin pour pouvoir atteindre ces records.

Elite : Comment se passe ton expérience aux USA jusqu’ici ? Pourquoi avoir choisi l'université d'Incarnate Word ?

Léo : Jusqu’à présent, cette expérience m’a avant tout apporté énormément humainement. Certes j’ai progressé en athlétisme, mais j’ai aussi beaucoup appris sur moi-même et sur ce que j’étais capable de faire. J’ai également pris en maturité, ce qui m’aide dans ma gestion des émotions et donc indirectement sur la qualité de mes entraînements/compétitions. 

Pourquoi Incarnate Word ? Parce que l’année dernière (avant que j’arrive) le groupe des 4 combinards hommes était classé n°2 aux États Unis en NCAA dans la division 1. Sachant qu’en plus ils ont été formés directement par cette université, je faisais plutôt confiance à la qualité de leur programme (depuis nous sommes passés 1er 😁). 

En plus de ça, l’université vient de gagner son 6 ou 7ème titre de champion de conférence d’affilée ce qui m’a à nouveau réconforté dans la qualité du programme.

Elite remercie grandement ses deux athlètes pour leur participation à l'interview de mai ! :)