L'interview du mois - Septembre 2023
- Equipe Elite Athletes Track
- 29 sept. 2023
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 avr. 2024

Léna Stolla et Yanis Moulinié sont deux athlètes étudiants partis en août 2023 vivre leur rêve sportif aux États-Unis. Les deux athlètes de l’université de Bradley se sont prêtés au jeu de l’interview, afin de nous partager leur quotidien et leur nouvelle vie sur place.
Peux-tu te présenter brièvement, nous dire ce que tu fais comme discipline et ce que tu fais sur le plan scolaire ?
Léna : Je m’appelle Léna Stolla et j’ai 19 ans. Je suis licenciée à Bordeaux Athlétisme depuis bientôt quatre ans. Je suis spécialisée dans le demi-fond c’est-à-dire cross-country et track, mais je préfère largement la piste. Je fais surtout du 800m mais je vais m’essayer au 1500 et au mile cette année. Sur le plan scolaire, j’ai fait ma première année à Sciences Po Bordeaux en 2022/23 et je poursuis mon cursus lors de cette année d’échange aux Etats-Unis. J’ai saisi la chance de venir ici à Bradley University afin de pouvoir vivre le rêve américain et combiner au mieux mes études et mon sport.
Yanis : Je m’appelle Yanis Moulinié, j’ai 19 ans et suis licencié à l’US Talence Athlétisme. J’étudie cette année à Bradley University (Peoria) la science politique dans le cadre d’une année à l’étranger obligatoire pour mon cursus en France à Sciences Po Bordeaux. Je concours sur 1500m qui est ma distance principale, mais je participe également à la saison de cross-country, et indoor (mile, 3000m).
Comment décrirais-tu ton arrivée aux US ?
Léna : J’ai été très agréablement surprise ! J’avais hâte de partir mais j’étais aussi stressée avant le départ, c’était vraiment un saut dans l’inconnu. J’ai été super bien accueillie et intégrée ! Ma journée d’arrivée fut probablement la plus longue de ma vie : 26 heures sans dormir avec le décalage horaire. On est parti en training camp quelques jours après mon arrivée ce qui m’a permis d’apprendre à connaître les membres de mon équipe et aussi les entraîneurs. J’ai rapidement pris mes marques et apprécié l’ambiance. Je suis passée d’un petit (mais super) groupe d’entraînement à un groupe d’une dizaine de fille, et c’est génial car il y a toujours quelqu’un de notre niveau pour s’entraider. Au niveau de la langue, j’ai cru que mon cerveau allait exploser les premiers jours mais maintenant je m’y suis faite et c’est devenu vraiment facile de communiquer avec tout le monde. J’ai aussi été très surprise de tout ce qui est mis en place pour notre réussite ici. Beaucoup de personnes sont à notre écoute et là pour nous aider à réussir. Je m’entends également très bien avec ma roommate, elle m’a beaucoup aidé à comprendre comment tout se passait ici.
Yanis : Mon arrivée ici s’est très bien déroulée, mes camarades du groupe d’entraînement m’ont très bien accueilli et j’ai pu m’intégrer très vite au sein de l’équipe. Le coach Andrew Carlson a su me mettre à l’aise, moi et les autres athlètes internationaux. J’ai tout de suite compris que j’étais entre de très bonnes mains. Forcément, on doit réaliser certaines adaptations par rapport à nos habitudes de vie en France, par exemple on dine à 17 heures. Mais il est très facile de s’adapter, car ici tout est fait pour que l’on s’entraîne dans les meilleures conditions.
Comment s’articulent tes cours et tes entrainements ?
Léna : J’ai très peu de cours par rapport à ce que j’'étais habituée l’année dernière, j’ai 2 à 4 heures de cours par jour donc c’est beaucoup plus simple de combiner les cours et les entraînements. On court le matin, généralement à 6h30. Les horaires dépendent de la durée de la séance et du lieu de l'entrainement (si on court au campus ou si on se déplace). Au début, c’était un peu un choc pour moi de courir à 6 heures ! J’étais habituée à courir vers 18 heures en France. Finalement j’apprécie beaucoup car on n’est pas encore fatigué de notre journée et ça nous laisse le reste de la journée tranquille. Après je suis ma journée de cours normalement et je fais du cross training l’après-midi (entraînements complémentaires comme de la natation, du vélo ou du vélo elliptique) ou de la muscu. On a peu de cours, c’est l'idéal pour s’entraîner et récupérer correctement. Le système scolaire est complètement différent : on a pas mal de devoirs mais assez simples (des lectures ou de courts écrits) qui comptent pour avoir notre année.
Yanis : La journée s’articule d’une manière assez particulière et spécifique, en effet, l’entrainement principal de la journée se déroule tôt le matin avec un regroupement entre 6:30 et 7:30 tous les jours. Ensuite, on a un peu de temps pour se reposer, prendre une douche, manger un bout. Les cours débutent ensuite pour ma part aux alentours de 11h, on a seulement 2 ou 3 heures de cours par jour ce qui me permet d’être disponible pour la musculation ou le deuxième entraînement de la journée lorsqu’ il y en a un en milieu d’après-midi vers 15 heures. La dose de travail est bien moins importante qu’en France et les cours sont plutôt faciles à suivre ce qui nous permet d’avoir le temps de mieux récupérer des entraînements.
Quel est ton moment préféré dans une journée type aux US ?
Léna : J’adore les bains de récupération !! J’y vais généralement le mardi et le jeudi après la séance le matin et la muscu l’après-midi, pour bien récupérer. On y va entre teammates, c’est un moment sympa d’échange et de détente (la détente est meilleure dans le bain chaud que dans le froid). Cela fait énormément de bien et c’est un bon moyen de terminer la journée.
Yanis : Mon moment préféré de la journée, c’est le petit-déjeuner, après l’entraînement, tout le monde se retrouve à la cafétéria, c’est un super moment pour débriefer la séance avec les autres membres de l’équipe, discuter… Un moment que j’apprécie particulièrement aussi c’est la séance de bain chaud/bain froid que j’effectue le mardi après la musculation, c’est vraiment superbe de pouvoir profiter d’infrastructures de ce genre quand on a un moment de libre.
Qu’est-ce que tu aimes le plus au sein de ton campus ?
Léna : J’aime le fait que ce soit un « petit » campus. Pour moi ça reste grand mais pour un campus américain c’est assez petit. Je m’y sens bien et c’est facile de créer du lien. L'université de Bradley organise beaucoup d’activités pour les étudiants et il y en a vraiment pour tous les goûts.
Qu’est-ce qui est différent au niveau des entraînements aux US ?
Léna : J’aurais tendance à dire que tout est différent ici ! Je pense que ça dépend aussi un peu de chaque coach, mais je dirais c’est un peu plus centré sur le mileage que l'on fait chaque semaine. Avant je n’étais pas du tout attentive à mon kilométrage, car je ne suis pas vraiment une coureuse de long, et là on assimile vraiment la progression avec une augmentation du kilométrage (en saison de cross du moins). Le plus gros changement a été le cross training que je ne connaissais pas du tout. Il s’agit de s’entraîner soit en nageant, en faisant du vélo elliptique ou du vélo pour continuer à travailler notre cœur sans pour autant fatiguer notre corps. Je fais du cross training environ 3-4 fois par semaine, cela dépend réellement de comment je me sens ou si une compétition est prévue. J’ai l’impression que ça me permet de progresser tout en évitant de surcharger mon corps. Ce qui est également différent c’est la vision américaine qui est très positive et le fait de recevoir beaucoup de compliments. Cela fait vraiment du bien d’entendre des « good jobs » de la part de chacun après un entraînement même si c’était seulement un footing.
Yanis : La plus grosse différence que j’ai pu constater, c’est le « professionnalisme » de l’entraînement. Ici la plupart des athlètes s’entraînent comme des pros en France. Nombreux sont ceux qui doublent tous les jours ou presque. Le volume est également plus élevé, les semaines d’entraînement sont définies en fonction d’un kilométrage propre à chacun selon les habitudes, préférences ou disciplines de prédilection. L’état d’esprit est aussi différent à mon avis, ici n’importe qui peut s’entraîner comme un professionnel s’il en a l’envie et la motivation. On te donne plus facilement les moyens de réussir. Même des athlètes peu doués naturellement peuvent facilement avoir un entraînement à la pointe, car on mise sur leur progression grâce à un travail acharné.
Quels sont tes objectifs sportifs ?
Léna : Chronométriquement j’aimerais m’approcher des 2’06 sur 800m cette année. Je vais également tester le 1500, je n’ai aucune idée du chrono que je pourrais réaliser mais ça serait sympa de s’approcher des 4’20/25. A part ça, j’aimerais profiter de cette année pour courir sans me prendre la tête et me concentrer sur mes sensations. Cela va être différent car je ne connaîtrai personne et j’ai vraiment hâte d’expérimenter ça.
Yanis : Pour cette année universitaire, mon objectif est d’améliorer mes records sur toutes les distances que j’ai déjà courues, à savoir 1500m, 3000m, 800m et 10km route. L’objectif pour l’équipe est de remporter les courses importantes (Conférence). Je n’ai pour le moment pas de chronos précis en tête, le but est juste de courir le plus vite possible et de rebondir après une saison difficile l’an dernier.
Conseillerais-tu cette expérience à d’autres ami(e)s ? Si oui, pourquoi ?
Léna : Je conseille cette expérience à 100% !! J’avais peur de regretter mon choix et finalement je ne regrette rien, c’est une aventure sportive et culturelle incroyable. J’ai beaucoup de chance de pouvoir courir au sein d’une université en 1ère division et de bénéficier de toutes les infrastructures. C’est un peu comme si j’étais une athlète de top niveau ayant accès à tout ce qui favorise la performance. En France, ça peut être vraiment difficile de combiner le sport et les études et venir ici m’a permis de comprendre que c’était possible. L’ambiance est différente, mais d’un point de vue positif : les américains sont très gentils et toujours en train de complimenter. C’est aussi une belle expérience culturelle car je découvre une nouvelle culture. Je partage ma chambre avec une américaine et j’irais probablement chez elle pour Thanksgiving ! L’aventure humaine est également magique, car on rencontre des personnes venant du monde entier ! Dans mon équipe par exemple il y a une italienne, une espagnole, trois canadiens, des anglais (beaucoup), deux sud-africains, et un allemand. Je pense qu’il y a plus de sportifs internationaux dans l'équipe que d’américains ! Linguistiquement la progression est super rapide et tous sont très compréhensifs car ils sont, pour la plupart, eux aussi passés par là.
Yanis : Je conseille évidemment cette expérience, les principales raisons reposent selon moi dans le fait que venir ici aux US permet de vivre une expérience humaine enrichissante, de découvrir une nouvelle culture, une nouvelle manière de s’entraîner, d’apprendre une nouvelle langue, mais aussi de se construire un réseau à l’étranger. Les conditions pour performer sont optimales, on a l’opportunité de voyager à l’intérieur du pays… En bref, il est possible de réaliser des études à l’étranger dans un superbe environnement tout en continuant à pratiquer son sport et à vivre sa passion.
Autre chose que tu souhaiterais partager avec nous ?
Léna : Je veux absolument partager le choc que j’ai ressenti quand j’ai dû manger mon repas du soir à 17 heures !!! Je me suis habituée maintenant mais cela m’a fait vraiment bizarre au début.
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